La commission de l’égalité professionnelle du CSE

Par Isabelle Vidal-LeonLe 22 octobre 2018

Saviez-vous que certaines entreprises sont obligées de disposer légalement d’une commission de l’égalité professionnelle ? Avant 2015, cette commission voyait le jour dès lors que l’entreprise comptait au moins 200 salariés. De nos jours, le seuil est fixé à 300 salariés au moins (article L2315-56 du Code du travail). Autrement dit, le champ de l’égalité au travail ne frappe pas réellement tout le monde. Un accord encadre la création et le fonctionnement d’une telle commission (article L2315-45 du Code du travail).

Voulez-vous en savoir plus sur le fonctionnement de cette commission de l’égalité professionnelle du CSE ?

Utilité de la commission de l’égalité professionnelle

Chaque année, le CSE (comité social et économique) est largement consulté sur la politique sociale de l’entreprise. À cette occasion, les questions relevant de l’égalité professionnelle sont abordées. En effet, l’égalité homme et femme au travail est incontournable.

La commission intervient pour aider le CSE à aborder cette grande question démocratique.

Elle prépare les futures délibérations du CSE. Autrement dit, les membres de la commission reçoivent une délégation de la part du CSE. Le but est de professionnaliser ces intervenants en les limitant à un unique champ de compétences. La forme que prend ensuite le fonctionnement de cette commission dépend des vœux du CSE. Toutes les commissions ne se ressemblent en définitive pas. Certaines sont au point mort faute de profiter d’un cadre clair, d’autres au contraire sont au travail. Il appartient à chaque entreprise de définir la place qu’elle souhaite donner à la commission de l’égalité professionnelle.

Le CSE doit aussi s’interroger sur ses attentes vis-à-vis d’une telle organisation.

Fonctionnement de la commission de l’égalité professionnelle

Avant d’intervenir sur le terrain, commençons par préciser les moyens d’action de cette commission. Le Code du travail dans ce domaine renvoie pour l’essentiel au contenu d’un accord collectif du travail. À défaut d’un tel accord, il n’est pas très prolixe. Instituer une commission de l’égalité professionnelle, ça n’est pas si compliqué. Les membres de cette commission peuvent être choisis parmi tous les salariés de l’entreprise (article R2315-28 du Code du travail). Un accord d’entreprise peut en décider autrement. Cela dit de notre point de vue, ce n’est pas raisonnable. En faisant intervenir des membres n’émanant pas du sérail des élus, le CSE étend son pouvoir de rayonnement. Il soulage les élus d’une mission prenante et très importante pour les salariés.

Il faut cependant se mettre d’accord avec l’employeur.

Moyens d’action de la commission de l’égalité professionnelle

Le nombre de membres n’est pas clairement précisé dans la loi. Il va de soi qu’au moins 3 membres semblent incontournables. Il est possible à ce titre de prendre comme référence la commission santé et sécurité et conditions de travail (SSCT). En effet, la loi précise sa composition identique à ce que nous conseillons pour la commission de l’égalité professionnelle. Particularité de cette commission ; l’un de ses membres la préside. Ceci tranche avec la commission SSCT où le chef d’entreprise ou son représentant préside. C’est aussi le cas de la commission économique.

Le temps passé sur le terrain par les membres de la commission s’analyse comme des heures de délégation.

Toutefois, l’absence d’un tel crédit d’heures pose question. Faut-il donc en prévoir un. Le temps passé en réunion ne se déduit pas des heures de délégation (article R2315-7 du Code du travail). Cependant, il existe un plafond au-delà duquel, cela n’est plus possible (30 ou 60 heures selon les cas). Précisons à ce stade de l’article que cette commission n’est pas autonome juridiquement. Elle fonctionne sous la gouverne du CSE. La commission ne prend aucune initiative qui peut amputer le CSE de son rôle. Les membres de la commission ne se substituent pas aux obligations consultatives du CSE. Par conséquent, l’employeur ne peut pas consulter la commission sur le terrain déjà occupé par le CSE.

La commission est exsangue de moyens financiers.

Les moyens de fonctionnement de la commission sont prévus tout au plus par un accord d’entreprise. Il est essentiel de prévoir le lieu où pourront se réunir les membres en vue de préparer leurs travaux. Peut-être serait-il avisé de s’interroger sur les moyens d’information des acteurs de cette commission. Si ces derniers doivent prendre contact avec les salariés, qui paye les frais de représentation ? Bref, vous l’avez compris, avant de donner corps à cette commission, il faut en passer par une mise en place judicieuse. L’absence de moyens suffisants et adaptés signera à coup sûr l’inertie de la commission. L’accord d’entreprise ou l’entente entre le CSE et l’employeur doit être généreux. Mais à bien considérer les choses, un crédit d’heures, un local, des ouvrages pour se documenter, un système de notes de frais, voilà des pistes utiles pour commencer.

Périmètre d’action de la commission de l’égalité professionnelle

La parité homme femme au travail, l’égalité des rémunérations, l’égalité des chances… ce sont quelques exemples de dossiers qui attendent la commission. L’employeur est lié par une obligation d’égalité de traitement de tous les salariés. Le Code du travail prévoit la possibilité de bâtir un plan pour l’égalité professionnelle (article L1143-1 du Code du travail). Ce plan relève de l’initiative de l’employeur s’il n’est pas lié à un accord d’entreprise. Attendez, ce n’est pas tout, cette liberté l’oblige tout de même à consulter le cas échéant, le comité social et économique.

Les champs de prédilection de l’égalité professionnelle sont très connus.

Il s’agit des problèmes de rémunération, d’accès à la formation et du déroulement de carrière. Les femmes dans de nombreux cas pâtissent des inégalités. Historiquement, à emploi comptable, les femmes accusent un retard de salaire. Les formations de haut vol se destinent le plus souvent aux hommes. Les pauses dans la carrière des femmes appelées à enfanter sont fatales pour elles. L’enjeu est de faire mentir les statistiques à l’échelle de chaque entreprise. Pour cela, l’implication de la commission de l’égalité professionnelle doit être sincère et constante.

Rôle du CSE en matière d’égalité professionnelle

Dans le cadre d’une vaste consultation sur la politique sociale de l’entreprise, le CSE se prononce sur les mesures tant à l’égalité professionnelle. Le but est de déterminer si l’employeur mène une politique équilibrée en la matière. L’employeur présente à cette occasion le résultat de la situation comparée des femmes et des hommes dans l’entreprise. Pour cela, il mène une enquête interne préalable pour dresser un comparatif. Le CSE lors de la consultation dispose de ce diagnostic. En dernier lieu, les élus s’interrogent sur les écarts observables. Il est nécessaire de se demander ce qui les encourage. L’employeur soumet dans la foulée les actions correctives qu’il entend mettre en œuvre. Les élus à la vue de tous ces éléments, se forgent un avis. Avant de le délivrer comme il se doit, un long débat souvent les attend. Ces échanges avec l’employeur permettent aux élus de décrypter les enjeux du moment.

Le but ultime pour les membres du CSE, c’est de participer à plus de justice sociale.

Cela passe inévitablement par des solutions alternatives aux politiques en place. L’instance doit s’imposer dans le débat démocratique. Elle doit présenter au-delà de ses arguments, de vraies propositions à l’employeur. Pour cela, rien de mieux que d’investir le terrain aux côtés des salariés et des membres de la commission de l’égalité professionnelle. À l’issue de cette consultation, le CSE tranche en prenant position. Les syndicats implantés au sein de l’entreprise peuvent prendre les relais de cette consultation.

Un accord d’entreprise pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes sonne souvent comme une évidence.

Auteur de l'article: Isabelle Vidal-Leon

Juriste en droit privé et droit social, Isabelle exerce en indépendante depuis quelques années le métier de conseil aux entreprises et de formatrice en droit social. Elle travaille également depuis quelques années comme consultante auprès des particuliers pour le traitement de litiges divers liés au travail.