Passer un entretien d’embauche simplement

Par Florian BenoistLe 27 décembre 2016

Ne croyez pas tout ce que l’on vous dit en la matière ! Et pourquoi me croiriez-vous davantage dans ce cas ? Question pertinente, je vous l’accorde. Peut-être parce que je vais dépoussiérer les idées reçues en matière d’entretien d’embauche. Je ne vais pas me contenter de vous répéter comme un cacatoès, la façon de passer avec brio un entretien d’embauche. En réalité, je vais tâcher de vous réconcilier avec cette étape importante en vue de vous éviter la débâcle ! En effet, passer un entretien d’embauche se révèle finalement, une phase assez simple à y regarder de près.

Ne vous laissez pas dominer par le trac, vos émotions, votre conception parfois frelatée de ce type d’entretien et surtout écoutez-vous !

Passer un entretien d’embauche sans céder à la pression

Pour un recruteur, sélectionner le candidat correspondant au poste à pourvoir, ne se résume pas à l’entendre débiner de jolies phrases à propos de sa vie, de ses compétences, de sa vision de l’entreprise et encore moins de ses hobbies. Il est insupportable d’entendre pour un recruteur, un candidat réciter par cœur sa leçon. Rien de moins passionnant en effet que d’être spectateur d’une mise en scène à la sauce, « candidat parfait ».

Témoignage

Comme me le fit remarquer Fabrice ALLEGOET, consultant en droit social et DRH à temps partagé, les entretiens d’embauche ne doivent pas se transformer en un échange aseptisé où tout est calculé et surjoué.

Le piège serait d’apparaître comme une personne qui joue à fond la gagne et la carte du candidat irréprochable, propret, prêt à l’emploi. Même si le recrutement s’apparente à un casting, le meilleur moyen de se faire remarquer, c’est d’être vous-même.

Passer un entretien d’embauche avec sincérité, oblige à tomber le masque pour se montrer tel que vous êtes avec vos forces et vos failles qui sont révélatrices plus que jamais de votre réelle personnalité.

Comment passer un entretien d’embauche sans tricher ?

Aborder un tel entretien peut se découper en trois phases.

La première offre l’opportunité à chacune des parties de se présenter succinctement ; en général, le recruteur commence comme tout hôte qui se respecte. Ce qui importe le plus durant cette brève présentation, ce n’est ni l’endroit où vous êtes né, ni si vous vivez à dix minutes de l’entreprise. En réalité, il faut rentrer dans le vif du sujet, à savoir « pourquoi êtes-vous là dans le cas présent ? ».

La seconde phase consiste à « vendre » votre savoir-faire.

Ne vous y trompez pas, il s’agit bien de cela ! Il faut donc savoir s’affirmer très clairement en insistant sur ce qui vous distingue de n’importe quel autre concurrent (les autres postulants pardi !). Le savoir en général c’est bien, mais ce que recherche un recruteur, c’est votre capacité à l’appliquer sans faillir à la tâche.

La troisième phase permet de faire le point sur les conditions contractuelles. C’est important avant de s’engager l’un envers l’autre, de discuter de ces points qui scelleront une future relation. C’est le moment pour échanger sereinement sur les questions centrales (temps de travail, travail d’équipe, mobilité, nature du contrat, rémunération, intéressement, avantages en nature, formation, évolution dans l’entreprise…).

Durant ces trois phases, il est primordial de surveiller votre posture, vos gestes, votre débit et tout ce qui peut vous trahir !

Passer un entretien d’embauche sans être un moulin à paroles !

STOP, vous parlez trop ! Peur du silence, peut-être ? Et bla-bla, certains candidats ressentent un besoin compulsif de remplir le vide. Ils parlent tellement qu’ils en perdent eux-mêmes le fil. Ils finissent par se répéter, tournant inlassablement autour de la même question et sans jamais renoncer, sans doute pensent-ils que c’est bien vu de parler tout le temps ? Ceux qui vous disent qu’il est important d’assurer en entretien devraient aussi vous indiquer que se comporter comme un moulin à paroles, risque de vous desservir. Il est essentiel lors d’un entretien de parler clairement en optant pour des phrases courtes et précises. Je ne peux que trop vous conseiller de maitriser votre débit et surtout d’accepter qu’une fois la réponse apportée, vous êtes en droit de laisser à votre interlocuteur, le soin de relancer l’entretien.

Il faut aiguiser votre sens de l’écoute et de la répartie !

Vous avez le droit de vous interroger lors d’un entretien

Un entretien débute souvent par une sempiternelle question du genre : « avez-vous compris ce que le poste exigera de vous si nous sommes amenés à travailler ensemble ? ». Le candidat « parfait » répond par l’affirmative le plus souvent. C’est génial me direz-vous ! Il n’y a plus rien à dire, à faire, tout est limpide et clair comme de l’eau de roche. Seulement, c’est du vent.

Question

Qui peut croire que la simple lecture d’une offre d’emploi puisse honnêtement répondre aux questions légitimes qu’un candidat qui méconnait tant l’entreprise que son fonctionnement est censé se poser ?

Personne. Pourtant, combien sont-ils à ne poser aucune question (ou si peu) à propos du poste, de la mission, de l’équipe, de l’organisation, des horaires, des conditions de travail avec les autres services, du client… Il ne faut pas avoir peur de poser des questions ou de revenir sur ce qui a pu être dit par le recruteur durant l’entretien. En effet, ce dernier en fin connaisseur de ses propres besoins peut survoler des questions pourtant cruciales à propos du poste. Dans ce cas-là, il vous appartient de ne pas vous laisser dominer durant l’entretien et de reprendre à votre compte, son déroulé, son rythme.

Ainsi, vous pourriez demander à votre interlocuteur en lui posant une ultime question, la précision qui vous fait défaut.

Soyez congruent durant votre entretien

Un recruteur vous observe durant l’échange ; moins pour savoir ce que signifierait le fait de croiser vos bras ou de vous chatouiller les narines, mais plus pour rentrer en communion avec vous (le fameux feeling). S’il vous questionne sur votre état émotionnel afin de savoir si vous êtes tétanisé par le trac, ne lui dites pas que tout va bien alors que dans le même temps, votre corps exprime le contraire. Sans le déterminer toujours avec précision, vous parlez alors que vous n’émettez pas le moindre son. Certains candidats sont épris d’une étrange quinte de toux entre deux syllabes. D’autres croisent et décroisent leurs doigts et laissent des marques de sueur sur la table de réunion. Il y a aussi les candidats qui fuient le regard du recruteur ou qui rougissent lorsque ce dernier demande si tout va pour le mieux. Bref, il est inutile de mimer ou de singer une aisance visiblement absente lors de l’entretien. Passer un entretien d’embauche ne doit pas être synonyme de torture tant pour vous que pour le recruteur ! Il est important que vous soyez parfaitement en phase avec vos dires, vos déclarations.

Assumez tout simplement de ne pas être ce jour-là, maître de vos émotions.

Vous avez tendance à vous « kiffer grave » ?

Vous êtes sûr de votre « incroyable talent » ? Vous en avez parfaitement le droit. Être doué, compétent (et non un con pétant), c’est aussi cela que recherche un recruteur. Durant l’entretien, sans être dédaigneux ou un brin arrogant, il est bien d’insister sur vos forces, votre valeur ajoutée. Qui pourrait vous en vouloir après tout ? Un candidat qui connaît ses limites et qui sait parfaitement comment se mettre en avant ne doit pas hésiter à en « jouer » dès lors qu’il le fait avec mesure. Se kiffer est une bonne chose lorsque cela ne devient pas pour votre interlocuteur, agaçant, voire suffisant !

Être bien dans ses pompes, savoir où l’on va, être capable de vendre sa came et surtout épouser une posture sereine et quelque peu enjouée ne peut pas vous pénaliser.

Au contraire, peut-être que vous taperez dans le mille surtout si vous visez un emploi de commercial ou de manager !

Ultime conseil pour passer un entretien d’embauche

Pour sûr, cet article ne sera pas commun avec tous ceux que vous avez certainement déjà parcourus sur la toile. Plutôt que de vous apprendre à être le candidat manufacturé à la chaîne, je souhaitais vous faire réfléchir sur la personne que vous êtes sincèrement avant de postuler à un emploi. En effet, être candidat ne conduit pas forcément au renoncement en ce qui fonde votre personnalité.

Conseil de l'auteur

Se révéler durant un entretien, c’est aussi assumer la personne que vous êtes dans la « vraie vie ». Ne vous dissimulez pas, ne vous cachez pas ! 

Je ne peux pas ignorer qu’il existe toutefois des « codes » dans le monde du travail. Aussi, arrivé pas rasé, en retard de 10 minutes, accoutré d’un vulgaire survêtement, à un entretien pour être guichetier dans une banque de renommée internationale, est vivement déconseillé. De même, investir dans un costume trois pièces pour un poste de carreleur, risque de faire surfait, décalé.

Adoptez le look qui vous correspond le mieux tout en vous assurant qu’il peut aussi correspondre au poste que vous visez.

Auteur de l'article: Florian Benoist

Juriste en droit social depuis 5 ans, Florian est un jeune dynamique et talentueux qui a œuvré dans différents cabinets d’avocats avant de prendre son envol en tant qu’autoentrepreneur. Il est désormais consultant et formateur à son compte et travaille notamment pour des TPE, associations, syndicats et des comités d’entreprise.