Quel avenir pour la lettre de motivation ?

Par Mathilde SebastianLe 18 mars 2016

La lettre de motivation est le fardeau commun de tous les chercheurs d’emploi… De quoi s’agit-il ? D’une sorte de courrier où le candidat doit exprimer ses attentes et les raisons qui le conduisent à postuler ; l’explication ne vous convient pas ? Développons. Ce document doit être joint au fameux curriculum vitae (CV). Il permet au candidat de développer, de façon très succincte, pourquoi il candidate et pourquoi il faut le choisir lui et pas vous ! Pas sympa n’est-ce pas ?

Cette lettre n’inspire pas grand monde. Rares sont les personnes enjouées à l’approche de sa rédaction : « chouette, je vais pouvoir raconter ma vie » (non, pas vraiment en fait). La taille de rédaction, une page, ne permet pas de développer grand-chose. Il faut rester bref (comme si une sorte de suspens planait) et à la fois se vendre. Optez pour une mise en page propre et attrayante. Comment faire ? « That is the question… » Si votre lettre de motivation ne donne pas envie, le recruteur ne prendra même pas le temps de la lire. Généralement, le tri s’opère même avant, à la simple vue de votre CV.

Son format papier séduit de moins en moins… Certains parlent aujourd’hui de « lettres de motivation par vidéo ». Elles permettraient à la fois de créer un premier contact plus direct en voyant la gestuelle et l’éloquence du candidat, mais aussi de réaliser une sorte de pré-entretien. Pas mal n’est-ce pas ?

Bonne recette pour la lettre de motivation ? Ne rêvez pas…

Qui n’a jamais recherché des lettres de motivation sur internet (juste pour s’en inspirer bien sûr) ? Vous vous retrouvez avec 15 modèles différents et là, c’est la panique… Que faire ? Lequel prendre à l’appui ? Faut-il en suivre un ? L’angoisse commence… Existe-t-il une bonne recette pour réaliser une lettre de motivation aussi parfaite qu’une daube ou qu’une poule ou pot ? Hélas, j’ai le regret de vous annoncer que la réponse est négative…

Il existe également des vidéos sur Youtube pour aider à rédiger une bonne lettre de motivation, comment la faire, des astuces de RH etc.

Des conseils sont donnés et à prendre en compte. Il va de soi que la lettre de motivation doit être adaptée au poste pour lequel vous postulez. La présentation doit être soignée. Si vous optez pour l’écriture à la main, oubliez les ratures, le blanco et les phrases qui piquent du nez vers le bas (mettez une feuille derrière avec des lignes, ça peut aider). Pour les dactylographiées, il faut « justifier le texte », avoir la même police tout le long de la lettre, pensez à aérer suffisamment le texte pour ne pas que cela fasse bloc, ne pas écrire pour un aveugle en police 18, mais pas non plus en police 4. L’une comme l’autre devront renseigner les informations relatives à votre identité en haut à gauche (nom, prénom, adresse, numéro de téléphone, adresse mail), en dessous à droite, celles de l’entreprise (nom, service, adresse). Ensuite arrivent le lieu et la date « À Paris le 30 mars 2016, » puis l’objet. Vous pouvez alors attaquer le contenu. Il est également possible d’ajouter un petit « À l’attention de … ».

Allez droit au but. Les blablas ne servent à rien ! Vous disposez d’une page pour vous exprimer, chaque mot a donc son importance. Pour plus de clarté, préférez les phrases courtes. Elles éviteront au lecteur de s’y reprendre pour en comprendre le sens.

L’originalité peut payer. Récemment, la lettre de motivation « bablabla » de Julien Chorier a fait le buzz ! Il a décidé de remplacer les phrases bateaux par des « blablabla ». Concrètement ? « Passionné par le digital, les médias et l’audiovisuel… blablablablabla… compétences et connaissances… blablablablabla… depuis plusieurs années … blablablablabla… . VOTRE entreprise… blablabla… créative, jeune et innovante… blablablabla… » L’audace a payé, car l’employeur a retenu sa candidature. Il a même permis de faire une petite pub à la boîte, un reportage ayant été fait à ce sujet sur M6.

Erreurs à ne pas commettre dans la lettre de motivation

Même s’il n’existe pas de bonne recette pour écrire une lettre de motivation, des erreurs sont à ne pas commettre. Prenez donc le temps de la vérifier après l’avoir terminée, car même si la lettre de motivation parfaite n’existe pas, à l’inverse la désastreuse et catastrophique existe. Les pires erreurs sont les suivantes. La relecture est primordiale.

Pourquoi ? Pour corriger et ne pas laisser passer de fote d’ortografe. Ça révulse n’est-ce pas ? Alors imaginez le recruteur qui a droit à des « si j’aurai su j’aurai postuler avant chez vous ».

Horreur ! Demandez à vos proches une relecture et n’hésitez pas à vérifier l’orthographe de certains mots. Non, je ne vais pas me lancer dans un cours de français, mais petite astuce pour ne pas confondre « j’aurai » et « j’aurais ». Si vous pouvez le remplacer par « nous aurions », il faut un « s », si c’est par « nous aurons », il n’en faut pas. Ne vous prenez pas non plus pour Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, à utiliser des rimes ou des tournures cachées. Les phrases ultras compliquées pour en mettre plein la vue ne sont pas beaucoup plus conseillées. Pensez à adapter votre lettre de motivation à l’employeur. Rien de pire que de laisser « je candidate au poste de collaborateur » si la lettre est adressée à un job d’été à la banque. Vérifiez donc de ne pas laisser trainer des mentions propres à un ancien emploi. Par ailleurs, actualiser la date peut être bienvenu. Peu crédible de dater le courrier de 6 mois à l’avance alors que l’annonce n’existait même pas.

La lettre doit respecter le format d’une page. Une page, c’est une page. Si vous remettez une nouvelle d’une dizaine de pages, elle sera écartée directement. A contrario, évitez également de vous limiter à cinq six lignes, car ça ne fait pas sérieux non plus.

N’oubliez pas l’humilité. Ramenez tout à vous pour conclure par « c’est moi le meilleur » ne donne pas envie. Vous devez vous vendre, certes, mais à être hautain ou pompeux vous risquez de perdre la bataille. La politesse est également indispensable. Adressez-vous à la personne concernée afin d’éviter si possible le fameux « Madame, Monsieur » qui montre que vous n’avez pas pris le temps de vous renseigner. Il convient aussi de terminer par une formule de politesse. La familiarité est souvent mal vue. Concrètement, n’écrivez pas comme l’article que vous êtes en train de lire… Les recruteurs manquent généralement de sens de l’humour quand il s’agit de trouver une personne de confiance pour intégrer leur entreprise.

Les perles des lettres de motivation

Terminons en beauté avec les « perles des lettres de motivation ». Info ou intox ? Avec internet il est difficile de savoir. Pour autant, il est bon de se dire que certaines personnes ont osé ! Bon, on a moins d’espoir sur le fait que leurs candidatures aient été retenues… « Votre entreprise se doit de miser sur des talents hors-norme. J’en suis. » Quelle humilité ! Les chevilles n’ont pas trop enflé ça va ?

« J’ai toujours aimé les jeux d’astuces, la résolution de rébus et les tests de logique ». Il est vrai que pour candidater à un poste de technicien de maintenance ces qualités sont indispensables. Mon premier est le préfixe signifiant l’action de faire à nouveau quelque chose. Mon second est le passé simple de ce que tu es. RE-FUS !

« Je candidate chez vous, car apparemment il n’y a pas besoin de beaucoup de compétences, ce qui est mon cas. » Ça promet… « Actuellement au firmament de mon talent, je vous invite à saisir cette opportunité unique qui s’offre à vous de me compter parmi vos employés ». Mégalo ? Bien sûr que non. Pire que ça !

« Je n’ai aucun scrupule à servir le café, à cirer les pompes ou à récupérer du linge au pressing et je travaillerai dur pour rien ». Que son culot soit récompensé.

Auteur de l'article: Mathilde Sebastian

Juriste de droit privé, Mathilde aspire à la profession d’avocat et rédige en parallèle des articles juridiques en droit de la famille, matière qui lui est familière en raison de son cursus. Elle a acquis une certaine expérience auprès de plusieurs professionnels du droit (cabinet d’avocats, étude de mandataire-liquidateur et entreprise privée).