Recrutement innovant : les serious games

Par Florian BenoistLe 3 juin 2018

Les serious games sont désormais utilisés dans le cadre de campagnes de recrutement. Afin d’attirer un public toujours plus jeune, branché et connecté, les employeurs rivalisent d’inventivité et testent sans cesse de nouvelles méthodes de recrutement.

Il y a quelques années, recruter via les réseaux sociaux apparaissait comme l’innovation suprême.

Aujourd’hui, il faut aller encore plus loin et frapper bien plus fort pour intéresser les meilleurs profils. Les serious games constituent une nouvelle alternative technologique et répondent à certains critères.

Les serious games ont le vent en poupe

La mort dans l’âme, certains regretteraient presque le bon vieux CV papier. Même le CV vidéo peut à côté des serious games paraitre « has been ». La lettre de motivation écrite à la main avec la peur d’une analyse graphologique semble désuète. Il faut se rassurer, ni le CV manuscrit ou virtuel ni la lettre de motivation ne sont encore prêts à rendre les armes. Force est de constater que le monde de l’emploi se modernise et avec lui, les solutions de recrutement.

Les serious games répondent à une demande et tentent de séduire une génération ultra-connectée.

Il n’est pas question de soumettre les quinquagénaires à ce type d’interface numérique. Les serious games ne sont pas compatibles avec tous les profils de professionnels. Lors d’un recrutement, les entreprises qui font le pari des serious games, véhiculent auprès des jeunes diplômés, une image très positive. Elles sont considérées comme étant dans le vent, modernes et dynamiques.

C’est en partie ce qui attire les talents soucieux de s’investir au sein d’entreprises innovantes avec des perspectives d’évolution.

Les serious games révèlent la personnalité du candidat

Lors d’une session de recrutement traditionnelle, il n’est pas toujours facile de se forger une réelle opinion quant à la personnalité du candidat. Pourtant lors d’un recrutement très ciblé, c’est réellement indispensable. Les recruteurs ne sont plus des profileurs nés. Sortis de grandes écoles de gestion ou de droit (pour la plupart des DRH), les recrutements se limitent à des aptitudes retenues chez le postulant et à une session de questions-réponses lors d’un face à face.

Pour les candidats, les serious games offrent l’avantage d’être plus axés sur des actes que sur des paroles gratuites ou récitées par cœur.

Lors du jeu, car c’est de cela qu’il est sincèrement question, les candidats plongés dans un univers totalement virtuel vont devoir honorer différentes missions en lien avec l’entreprise et sa politique. Pour débuter, tout le monde devra se choisir un double prenant la forme d’un avatar. L’engagement est total. La gamification‎ du recrutement apporte une touche particulière ; l’approche est ludique et très immersive. Le candidat doit faire appel à tous ses sens comme l’écoute et l’observation afin de progresser dans le jeu (du recrutement).

Comment fonctionne les serious games ?

Le jeu s’inscrit dans une suite logique d’objectifs à atteindre, le tout organisé au cœur d’un environnement particulièrement choisi pour incarner les fondements et valeurs de l’entreprise. Les serious games sont découpés en phases (scénettes ou tableaux). Le jeu permet d’apprendre de ses erreurs et de progresser. Certaines sessions de recrutement sont organisées en ligne ; les joueurs sont immergés au sein d’une communauté de postulants et doivent progresser en équipe dans le jeu.

Information

Les serious games sont adaptés pour chaque type de recrutement selon les profils souhaités par les recruteurs.

De nombreuses entreprises parmi les plus connues ; Total, Danone, L’Oréal et EDF ont lancé leurs propres serious games. De nombreux secteurs sont visés à commencer par ceux frappant la gestion de projet, l’informatique, le marketing et la communication. Les serious games sont même étendus à des actions de formation afin de renforcer les compétences de façon plus didactique les collaborateurs.

Pour l’entreprise, c’est un gain de temps et l’assurance d’une approche éducative moins coûteuse que les circuits de formation en présentiel ou plus traditionnels.

Les serious games font travailler l’esprit de déduction, le sens inné pour les stratégies. Les postulants doivent faire appel à différences capacités d’analyse pour s’adapter en permanence aux enjeux. Les métiers de l’ingénierie sont particulièrement concernés par ces types de jeux. À l’issue de cette phase de recrutement, les candidats retenus sont convoqués pour satisfaire à un entretien plus classique. Pour les recruteurs, les serious games permettent d’atteindre des réponses sur le profil du candidat, plus difficilement dicibles lors d’un échange de visu.

Les serious games ne constituent donc pas la phase finale d’un recrutement, mais très souvent la 1ère voire la 2nd. Il s’agit d’écrémer le plus rapidement pour ne conserver que l’élite des postulants.

Les serious games sont-ils réellement équitables ?

Personne n’est dupe, en matière de recrutement, il est aisé de glisser vers la tentation discriminatoire même « positive ». Les recruteurs restent humains (ouf !) avec toutes les dérives qu’on peut parfois leur connaître. Le nom, le lieu de vie ou le cursus peuvent vite devenir problématiques et cacher un délit de sale gueule. Dommage, peut-être que le candidat malheureux aurait pu faire le bonheur de son employeur. On ne le saura jamais (séquence émotion et regrets).

La lecture de résultats à un jeux même sérieux (jeux destinés aux entreprises), demeure une sincère alternative pour lutter contre les discriminations à l’embauche.

Les serious games dépassent le simple cadre des recrutements et de la formation en entreprise. De nombreuses utilisations ont été transposées dans la vie civile et associative. Ainsi, des serious games existent pour prévenir des discriminations portant sur le handicap. Les entreprises « SNCF et RATP » en ont fait l’expérimentation ; initiative qui leur a valu d’être récompensées. Utilisés depuis quelques années déjà dans le milieu scolaire, les serious games viennent au secours des violences subies par les élèves ou les étudiants (rumeur, racket, discrimination, etc.).

Le serious game du même nom « Stop à la violence » offre l’opportunité de mieux comprendre les manifestations de harcèlement dont peuvent être victimes de nombreuses personnes à l’école ou au lycée.

Le danger des serious games sont-ils réels ?

Le monde virtuel n’est qu’une transposition d’une partie de la vie réelle. Il n’offre qu’un espace d’expression le temps d’une évasion ludique et récréative. En aucun cas, ce milieu ne peut être permanent. Le danger résulte d’une exploitation trop intense des séquences de jeux ; devenir addict des serious games est cela dit peu probable. En effet, dans le cas présent, il s’agit de répondre à une offre d’emploi. Le recrutement reste donc la clé pour accéder à ce jeu sérieux. Les séquences de jeu sont courtes et l’expérience est limitée dans la durée et dans le temps. Le plus dur c’est de revenir à la réalité. Le recruteur est fait de chair et ses questions peuvent par la suite se révéler déterminantes pour espérer décrocher le job !

Témoignage

Pour l’heure, il n’existe pas d’avis de personnes ayant connues une expérience plutôt regrettable avec les serious games.

C’est comme tout, il faut le faire avec intelligence. C’est tout l’enjeu de cette expérience ; les avantages sont multiples pour peu d’en faire une exploitation appropriée. Le jeu permet de mobiliser pleinement les ressources du postulant et de l’engagement efficacement dans la séquence de recrutement. Les postulants peuvent grâce au monde virtuel et au jeu se lâcher plus facilement, se libérer en prenant de la distance avec la réalité. Lors du jeu, le postulant apprend l’essentiel à savoir sur l’entreprise et le recruteur du joueur.

Alliant parcours initiatique et parcours de recrutement, le jeu sérieux en français ou serious game en anglais s’inscrit de plus en plus dans le paysage professionnel et éducatif.

Auteur de l'article: Florian Benoist

Juriste en droit social depuis 5 ans, Florian est un jeune dynamique et talentueux qui a œuvré dans différents cabinets d’avocats avant de prendre son envol en tant qu’autoentrepreneur. Il est désormais consultant et formateur à son compte et travaille notamment pour des TPE, associations, syndicats et des comités d’entreprise.