Les élus du CSE doivent vaincre la peur qui les tenaille

Par Fabrice AllegoetLe 15 août 2019

Est-il seulement possible de vaincre la peur lorsqu’on devient un représentant du personnel ? Mais de quoi peuvent-ils bien avoir peur au fond ? Les causes de la peur sont multiples. Devenir élu au CSE requiert sans doute des qualités humaines fondamentales. Il ne s’agit plus de vouloir être un élu, mais de pouvoir l’être. Il faut donc développer des aptitudes qui ne sont pas toujours intrinsèques.

Tout cela mérite des explications afin que vous ayez une chance d’en finir avec la peur !

Quelles sont ces peurs qu’il faut éradiquer ?

Tout élu du CSE doit savoir gérer ses angoisses. Il faut en finir tout autant avec les pensées négatives. De nombreux élus du personnel en sont friands. Citons-en quelques-unes à titre d’exemple :

  • l’employeur ne nous écoutera pas, il fait ce qu’il veut en définitive ;
  • les salariés n’ont que faire de nous, ils ne s’intéressent qu’à l’argent ;
  • nous n’avons pas de poids face à l’employeur, nous ne sommes rien…

C’est mortifère et pourtant tellement représentatif des aberrations que j’entends trop souvent à mon goût. Peut-être la première peur répandue dans le monde des élus du CSE, serait :

  • la peur de ne pas y arriver ?

C’est vrai que c’est flippant en définitive d’endosser les responsabilités électorales. C’est après l’enjeu d’une élection que les élus prennent la mesure de leurs missions à venir. Certains sont même pris d’une peur panique. Ils réalisent peut-être que le costume est trop grand pour eux. Face à cette peur, ils redoutent le pire. C’est alors qu’une peur irraisonnée en nombreuses circonstances les frappe en plein cœur ! Il faut pourtant vaincre la peur de l’inefficacité sans tarder.

Liste des peurs qui tenaillent les élus du CSE

Pour gérer la peur, faut-il en déterminer la ou les sources. Ce qui nourrit la peur doit être stoppé net. De nombreux représentants du personnel sont tourmentés par :

  • avoir peur de se lancer ou avoir peur d’essayer ;
  • la peur de l’échec.

Arrêtons-nous un instant sur ces premiers cas. De quoi parlons-nous au juste ? Ici, il est question d’inexpérience, de doutes quant à ce qui doit être fait, d’absence de réussite ou de résultats. Il existe bien des remèdes pour gérer la peur de l’insuccès. Il faut commencer par l’accepter en se disant que personne n’est parfait. Le tout est de s’atteler à la tâche avec entrain, détermination et enthousiasme.

Certes, il conviendra d’y ajouter d’autres ingrédients essentiels que je développerai ensuite.

Continuons la liste de l’objet de la peur des membres du CSE. L’exercice du mandat représente un poids difficilement compatible avec sa situation de salarié. Dans l’esprit de certains représentants, c’est incommodant. Leur zone de confort a disparu et cela les tétanise. Ils se retrouvent malgré eux (ou presque) projetés au-devant de la scène publique. Ils doivent assumer leurs prises de position, leurs paroles, leurs contestations, leurs vœux… Bref, ils sont davantage visibles, audibles que les autres et ça en effraie quelques-uns. Dans ces conditions, vaincre la peur induite par le mandat semble compromis. En effet, les élus redoutent parfois le pire et développent ainsi la :

  • peur de l’autorité (avoir peur face à l’employeur est chronique) ;
  • peur du regard des autres (les élus se soucient de ce que pensent les salariés).

Avoir peur des conséquences, c’est ce qui résume le mieux ces peurs. Devant la crainte irrationnelle, il est nécessaire de mobiliser des ressources clés pour vaincre la peur. Bien des réponses existent notamment d’un point de vue légal.

Témoignage

Il est tout à fait possible d’avoir moins peur de l’autorité et du chef d’entreprise.

Les élus sont aussi anxieux par rapport à leur carrière

En effet, il n’est pas rare de constater que des élus du CSE sont victimes de discriminations. C’est ainsi que certaines questions se posent comme :

  • quel sera l’impact de mon mandat au quotidien ?
  • vais-je subir un arrêt net de mon ascension ?
  • que va-t-il advenir de l’augmentation de mon salaire ?
  • pourrai-je continuer à bénéficier de formations ?
  • mes rapports avec mes collègues vont-ils demeurer identiques ?
  • que va penser mon supérieur hiérarchique direct de moi ?

La peur constante de la relégation, voilà encore un exemple de ce qui fragilise l’exercice du mandat. Pour s’accommoder de la situation, certains cultivent l’art de l’évitement. La crainte de la perte de ses avantages, de sa position, l’emporte sur le reste. Les élus du CSE font profil bas. Ils se censurent, se limitent de manière à plaire plus qu’à ne déplaire.

Ils s’aseptisent et deviennent quelconques, sans âme ni état d’âme.

Pourtant, ce qui incarne le mieux le mandat, c’est l’art de déjouer les crises tout en assumant sa charge. Ce n’est évidemment pas la fuite en avant ! Ici, la raison de la peur est nombriliste tandis que la mission est avant tout altruiste. Le moi prend le dessus sur le nous. Cette peur excessive empêche nativement tout succès. Les élus sont davantage guidés par leurs propres besoins que par ceux des salariés qu’ils représentent. Ils essaient finalement de tirer avantage ou profit d’une situation qui les dépasse sans se soucier des répercussions.

Les salariés souffrent régulièrement de l’absence d’implication sincère de leurs propres représentants du personnel.

À ce niveau-là, est-ce possible de lutter contre la peur d’avoir peur ?

Pour vaincre sa peur, il faut au contraire refuser d’avoir peur. La raison de la peur est fréquemment fantasmagorique. Les élus pensent à tort que le ciel va leur tomber sur la tête. Ils s’interrogent sans discontinuer sur leurs faits et gestes. Ils spéculent même sur de retombées éventuelles. Il s’agit en réalité d’une problématique comportementale type : la peur d’assumer sa mission élective.

Est-ce possible de vaincre la peur en tant qu’élu ?

Ne plus avoir peur est vraiment possible. Aussi, je clame haut et fort depuis toujours qu’il est primordial de vaincre la peur (ou ses peurs) pour le bien de tous à commencer par soi. Un élu qui panique à l’idée d’être sanctionné à tout bout de champ doit contrôler sa peur. C’est généralement un symptôme encouragé par un environnement délétère sans être menaçant. La gestion du stress peut se révéler une solution plutôt efficace dans ce cas précis. Cela permet d’éliminer la peur futile de telle ou telle situation incontrôlée.

Comment gérer ses angoisses lorsqu’on élu du CSE ?

Pour vaincre la peur ou chasser ses angoisses, les élus doivent d’abord apprendre. L’apprentissage souvent dénié des élus se révèle pourtant central. Pour se renforcer, exister par soi-même, résister à la pression, se défendre, faut-il avoir appris comment faire ? Il existe de multiples formations à destination des élus du CSE.

Les plus connues, car essentielles pour débuter sont :

  • la formation économique ;
  • et la formation santé, sécurité et conditions de travail.

Mais les élus peuvent aussi se former pour :

  • savoir travailler en équipe ;
  • gérer leur stress ;
  • faire face à un public difficile.

Quelle que soit la situation à laquelle, les élus se confrontent, il y a possiblement une solution.

Pour vaincre la peur, professionnalisez-vous

Un chef d’entreprise sait s’entourer des meilleurs pour être compétent dans ce qu’il entreprend. Généralement bien formé au départ, il est adepte des conseils et des facultés qu’apportent certaines ressources tant internes qu’externes. Ainsi, un employeur travaille avec un directeur des ressources humaines, un directeur administratif et financier. Il dispose de son propre expert-comptable et bénéficie de l’appui du commissaire aux comptes. Il n’est pas rare que l’employeur fasse appel coutumièrement à un avocat comme à une batterie de services juridiques.

Le secret pour vaincre la peur suscitée par l’exercice du mandat est simple

Devenez un expert des questions sociales. Émancipez-vous et apprenez à entreprendre à votre tour. Pour cela, pensez comme un professionnel et libérez-vous de votre statut d’amateur. Apprenez à vous entourer des meilleurs conseils. Investissez le terrain de la formation pour ne plus douter de vos aptitudes. Mais plus que tout encore, n’acceptez de personne de devoir vous mettre entre parenthèses.

Ne fuyez plus, assumez qui vous êtes et ce que vous voulez faire de votre mandat au CSE.

Auteur de l'article: Fabrice Allegoet

Fabrice ALLEGOET est un formateur confirmé et certifié en droit social qui s'est spécialisé dans différentes matières (santé et sécurité au travail, RSE et développement durable, management et communication en entreprise). Il est l'animateur des Podcasts "Le CSE En Clair" et "Le Droit de Savoir by CÉOS".