Valider ses acquis professionnels

Par Florian BenoistLe 21 juin 2015

Valider ses acquis professionnels est toujours possible, peu importe son niveau de qualification au départ. Au cours d’une carrière professionnelle, un salarié peut avoir besoin de faire reconnaître ses multiples expériences afin de progresser ou d’accéder à des postes à responsabilités. En France, le diplôme en rapport avec l’activité ou le poste visé est souvent une nécessité pour évoluer. L’expérience est alors reléguée au second plan comme si le salarié sortait de l’école. L’âge, la maturité sont certes des atouts pour beaucoup d’employeurs, pourtant, les mêmes s’appuient pour effectuer leurs embauches, sur le CV et particulièrement, sur les titres et diplômes obtenus.

Ainsi, malgré vos dix années d’expérience dans un domaine que vous affectionnez, cela peut ne pas suffire pour obtenir des postes de manager ou de direction si vous êtes par ailleurs, sous-qualifié.

Il existe un moyen d’acquérir ces titres ou diplômes sans être contraint de reprendre tout ou partie de vos études ; cela dépendra de votre expérience, de vos qualifications antérieures et de l’évolution souhaitée ou de votre besoin de changement d’activité. En effet, un salarié peut au travers d’un parcours de validation de ses acquis issus de son expérience professionnelle, obtenir le précieux  sésame.

Comment valider ses acquis professionnels ?

Ce sigle renvoie à la définition suivante : validation des acquis de l’expérience. L’article L6411-1 du code du travail précise que cela prend la forme de l’acquisition soit d’un diplôme (délivré par l’État) ; soit d’un titre à finalité professionnelle ou d’un certificat de qualification figurant sur une liste établie par la commission paritaire nationale de l’emploi d’une branche.

À l’issue du processus de validation, il faut souligner que cela peut déboucher soit sur une validation totale (la personne acquiert la totalité du diplôme, du titre ou du certificat) ou simplement sur une validation partielle. Dans ce cas, la personne devra poursuivre ses efforts pour acquérir les connaissances et aptitudes manquantes ; en général soit par un complément de formation soit en complétant son expérience professionnelle notamment à l’occasion de stages en entreprise.

Formaliser sa demande pour valider ses acquis professionnels

Ce dispositif est accessible à tous les salariés qui peuvent justifier d’au moins 3 ans d’expérience continu ou pas et en lien avec la qualification souhaitée (article L335-5 du code de l’éducation). Il est important avant de faire sa demande de validation proprement dite, de constituer au préalable un dossier dit de recevabilité. Celui-ci contient des informations sur votre expérience professionnelle,  une attestation sur l’honneur précisant votre engagement à ne déposer qu’une demande par année civile et vos bulletins de paie lorsqu’on est salarié (article R335-7 du code de l’éducation). Cette étape permet de déterminer si votre démarche peut aboutir sur l’accès à la VAE (article L6412-2 du code du travail).

Ensuite, il conviendra d’engager la constitution de votre dossier VAE, celui qui sera présenté au jury final. En principe, vous devez le retirer auprès de l’organisme certificateur (OPCA, FONGECIF, OPACIF…) auprès duquel l’entreprise est rattachée et vérifier leurs conditions et le calendrier de dépôt de votre dossier.

La loi prévoit et notamment à l’appui de quelques aménagements depuis l’entrée en vigueur du CPF (compte personnel de formation), de bénéficier d’un accompagnement à la VAE pour la préparation de son dossier et de son entretien avec le jury ; cette aide méthodologique est facultative (article L6423-1 du code du travail). La nouveauté réside dans le fait que le coût de cette mesure est éligible au CPF, ce qui offre une flexibilité supplémentaire dans l’accès à la VAE (article L6323-6 du code du travail).

Optimiser votre dossier pour valider ses acquis professionnels

La forme et le fond de votre dossier

Le dossier que devra élaborer le candidat à une VAE doit être rédigé de façon très organisée. En général, le livret de validation est présenté sous la forme d’un questionnaire. Il faut donc répondre aux questions mais sans tomber dans le travers du simple « question/réponse » et sans disserter comme si vous réalisiez un mémoire. Le jury doit en vous lisant ressentir votre expérience et votre compréhension du sujet.

Cela passe implicitement par des explications accompagnées d’exemples de situations « vécues » afin de mettre en avant, votre savoir-faire et vos qualités humaines. L’emploi du « je » est indispensable car dans le cadre d’une VAE, c’est de vous seul qu’il s’agit.

Les preuves sont obligatoires et centrales

Il est essentiel que chaque « savoir-faire » souligné dans vos réponses et explications soit reliées à des « preuves ». En effet, il ne faut pas oublier dans la constitution de votre dossier, que le jury doit être convaincu par vos déclarations. Les preuves peuvent être de différentes formes ; des courriels, des lettres de recommandation, des certificats de travail, des précédentes qualifications et certifications, des attestations de présence à des stages, des témoignages de vos employeurs et/ou collègues, des dossiers qui portent votre signature…

Bref, tout ce qui peut relier vos déclarations à des « actes » formels, concrets et exploitables, doit être produit afin d’attester la véracité de votre expertise.

C’est peut-être la partie du dossier la plus compliquée pour valider ses acquis professionnels car elle oblige à un travail de fourmi et de mémoire sans compter l’éventualité de devoir réclamer à des anciennes connaissances et relations de travail des informations et autres documents attestant de votre expérience.

Soignez votre présentation

L’acquisition d’un diplôme ou d’un titre renvoie implicitement à la nécessité de maitriser le socle élémentaire de connaissances et notamment l’emploi de la langue française à l’écrit. Il faut donc soigner votre dossier de présentation en travaillant votre syntaxe, la concordance des temps, les styles directs et indirects tout en évitant les fautes d’orthographe et de grammaire. Selon le diplôme visé, cela peut être éliminatoire. Il faut démontrer pour valider ses acquis professionnels, une vraie maitrîse des bases élémentaires de français

Il peut être intéressant d’exploiter également les outils de la suite Office (Word, PowerPoint, Excel) pour apporter à votre dossier plusieurs dimensions ; des schémas et l’insertion d’images permettent de raccourcir un propos afin de lui donner une vue plus graphique et donc plus accessible. L’utilisation d’un diaporama peut démontrer votre esprit de synthèse et votre créativité. L’utilisation de Word, traitement de texte par excellence est indissociable à la construction d’un tel projet ; il ne faut hésiter à utiliser les styles de mise en forme, l’ajout de signets, d’un sommaire et d’un index afin de démontrer votre capacité à présenter un dossier parfaitement signalisé et organisé.

Le plagiat est à proscrire

Pour valider ses acquis professionnels, Il est important de parler de « vous », de votre expérience, de votre vécu professionnel, de vos activités extra-professionnelles, de votre vie ; de facto, la copie d’un passé qui n’est pas le vôtre, ce n’est pas conseillé. Même partiellement plagié, le dossier de VAE d’une connaissance risque d’être difficilement exploitable et le résultat se verra notamment lors de l’oral avec le jury. Par ailleurs, rapporter des preuves à vos propos pourrait de fait, se révéler impossible ou problématique, ce qui sera un frein à la validation. Il est donc primordial d’être très honnête lorsque vous entreprenez une démarche VAE. Pour vous y aider, une dernière astuce ; faire un bilan de compétences en amont peut vous aider à mieux aborder ce travail long et fastidieux que suppose la VAE.

Pour poursuivre son projet et valider ses acquis professionnels, découvrez le portail de la validation des acquis de l’expérience afin d’organiser votre projet en téléchargeant par exemple le tableau de bord de la démarche VAE.

Auteur de l'article: Florian Benoist

Juriste en droit social depuis 5 ans, Florian est un jeune dynamique et talentueux qui a œuvré dans différents cabinets d’avocats avant de prendre son envol en tant qu’autoentrepreneur. Il est désormais consultant et formateur à son compte et travaille notamment pour des TPE, associations, syndicats et des comités d’entreprise.