Comment faire un arbre des causes après une enquête accident ?

Par Laurent AdriaensenLe 13 septembre 2019

Pour savoir comment faire un arbre des causes, il est primordial de savoir mener une enquête accident. À l’issue d’un accident de travail, les intervenants s’interrogent régulièrement sur la manière de faire un arbre des causes. Il est vrai que de prime abord, la construction de l’arbre des causes n’est pas instinctive. Pour cela, il faut détenir des bases qui s’obtiennent le plus souvent au cours d’une formation. Habituellement, il s’agit d’une formation en santé, sécurité et conditions de travail (SSCT).

Lors d’un stage, les élus du CSE, les managers et les salariés travaillent à partir d’un exemple d’arbre des causes.

Savoir comment faire un arbre des causes est nécessaire

Au sein de toute entreprise, l’employeur est responsable de la santé et sécurité au travail des salariés. Cela implique de veiller en permanence à l’organisation du travail et aux méthodes de production. Les causes principales d’accidents de travail se nourrissent particulièrement de la désorganisation et des dysfonctionnements internes. C’est la raison pour laquelle, il faut aménager chaque poste de travail afin de le sécuriser au mieux.

L’employeur doit recenser les risques professionnels

Chaque situation de travail porte en lui, le germe d’un risque professionnel. Les causes probables d’un accident de travail sont multiples. Il peut s’agir en effet d’une :

  • chute de plain-pied ;
  • brûlure du derme ;
  • électrocution ;
  • gêne sonore intense ;
  • ambiance thermique dangereuse…

La prévention des risques professionnels s’inscrit alors comme une évidence. À cet effet, la rédaction et l’actualisation d’un document unique (DUERP) s’imposent. Il s’agit d’un registre permettant de recenser les risques potentiels et d’en évaluer le niveau de gravité. À l’issue de l’évaluation des risques, l’employeur prévoit des mesures correctives. L’objectif est somme toute simple : éviter tout accident de travail, incident majeur ou toute survenance d’une maladie professionnelle. Une démarche de prévention qualitative doit ainsi empêcher tout dysfonctionnement ou situation risquée. Jadis, avant la naissance du CSE, le CHSCT veillait au grain.

Désormais, c’est le rôle des élus du CSE de contrôler la suffisance des mesures de prévention engagées par l’employeur.

Lors d’un accident de travail, une enquête s’impose

Ce qui importe prioritairement lors d’une analyse d’accident de travail, ce sont les causes de l’accident en lui-même. Il faut donc commencer par déterminer les causes du sinistre. Cela induit un recueil des faits. Avant de savoir comment faire un arbre des causes, il faut être capable de recueillir des indices. En effet, tout accident est lié à des faisceaux d’indices et couramment à des faits inhabituels. Lors d’une enquête, il est bien d’interroger les salariés et d’éventuels témoins. Leur récit peut contribuer à bien comprendre les causes probables de l’incident. Un accident repose fréquemment sur différentes causes. Elles peuvent être matérielles (équipement vétuste, environnement dégradé). Une défaillance humaine peut tout autant expliquer les causes du problème. Il est possible de recourir à différentes méthodes pour opérer le recueil des faits.

La plus connue se nomme : méthode ITMAMI. Mais, il est tout à fait possible d’utiliser la méthode des 5 pourquoi.

À l’issue de l’enquête, comment faire un arbre des causes ?

Une fois les faits recueillis, il est conseillé de les lister, puis de les classer voire de les hiérarchiser. L’arbre des causes se définit comme un schéma qui se présente sous la forme d’une arborescence. Il s’agit d’une méthode ancienne produite par l’INRS dans les années 70. L’objectif de cette méthode est de visualiser graphiquement les liens de cause à effet pour expliquer l’accident. L’arbre des causes permet donc d’identifier chaque enchaînement logique pour analyser les causes du drame. Cet outil d’analyse repose sur un cadre objectif tant il offre un certain recul. Ce dernier permet de facto d’ôter toute possibilité d’émettre des jugements ou de se perdre dans des interprétations.

Aussi, voilà comment faire un arbre des causes :

1 | Commencez par repérer parmi l’ensemble des faits recensés, le fait ultime.

Cette étape repose un questionnement itératif afin d’opérer une visualisation du fait accidentel des causes qui le précèdent. À partir du fait ultime, il faut s’interroger. Il est question ici de repérer des faits antécédents. Ils participent à l’analyse des causes. Aussi, peut-on se demander si avant le fait ultime, il a fallu un fait antérieur pour que l’accident se produise. De même, ce fait antécédent est-il suffisant pour expliquer le fait ?

2 | Esquissez votre arbre des causes

La représentation graphique d’un arbre des causes implique de raisonner de la droite vers la gauche. Il s’agit de remonter le fil des causes pour se représenter en bout de course, l’accident. Pour réaliser le schéma, il est coutume d’utiliser des connecteurs ou liens :

  • l’enchaînement (lien causal direct) ;
  • la conjonction (réunion de plusieurs faits antécédents sous la forme d’un bloc) ;
  • la disjonction (un fait antécédent a produit plusieurs faits ultimes).

Pour rappel, les principes généraux pour construire un arbre des causes impliquent de :

  • lister les faits ayant participé à l’accident de travail ;
  • d’isoler le fait utile à partir duquel, l’arbre des causes débute ;
  • se poser des questions quant aux faits antécédents possibles ;
  • d’associer les faits antécédents en choisissant les connecteurs appropriés ;
  • procéder à l’analyse de l’accident en vous appuyant sur cet arbre des causes.

Voilà, vous savez désormais comment faire un arbre des causes. Il faut toutefois s’entraîner pour que la réalisation d’un arbre des causes vous semble plus facile à l’avenir. Il existe des exercices d’entrainement ; l’INRS en propose quelques-uns en libre-service sur son site Internet.

Dans quel but, analyser l’accident de travail ?

Cela participe tant à la gestion des risques qu’à mettre en place des actions correctives. D’une certaine façon, l’analyse d’un accident de travail constitue un outil de prévention contre la récidive. L’objectif une fois la cause d’un problème identifié, est d’éviter toute réédition de la cause accidentelle. L’employeur peut se repose sur les résultats de cette analyse pour sensibiliser à nouveau les salariés. Prévenir des risques professionnels commence la plupart du temps par une campagne d’informations.

L’employeur peut aussi proposer des formations pour s’assurer des salariés qu’ils maîtrisent les bases de la sécurité au travail.

Les facteurs accidentels peuvent naître de négligences

Il arrive qu’à l’issue d’une enquête accident, l’employeur puisse souligner des responsabilités directes. Certains métiers exigent de respecter des consignes claires. Lorsqu’elles ne sont pas observées, les salariés courent des risques et peuvent causer des accidents. Le cas échéant, l’employeur serait en droit de sanctionner les responsables. En fonction des conséquences (économiques, sociales), le salarié peut écoper d’un simple avertissement. Un licenciement pour faute n’est cependant pas à exclure.

Les pratiques professionnelles appellent régulièrement au respect de règles précises. Il est central de les respecter.

Pour conclure, l’arbre des causes se réalise post-accident

Un accident de travail implique la réalisation d’une enquête. L’employeur et un membre du CSE sont à la manœuvre. Lors de l’enquête, ce qui importe, c’est le recueil des faits. Ce sont ces derniers qui participent à la réalisation de l’arbre des causes. La question est de savoir comment faire un arbre des causes. Pour y répondre, appliquez a minima les quelques consignes précisées ci-avant dans cet article. Néanmoins, cela ne remplace pas les rudiments d’une vraie formation. Aussi, nous ne pouvons que trop vous conseiller d’en suivre une rapidement. La qualité de l’analyse des faits responsables d’un accident s’appuie essentiellement sur un arbre des causes.

Conseil d'Expert

Aussi, avant de vous lancer, cela s’avère plutôt judicieux de développer ses compétences en la matière.

Auteur de l'article: Laurent Adriaensen

Laurent est un juriste d'entreprise en droit privé qui s'est spécialisé dans les questions qui traitent de la gestion immobilière et du droit du travail. Il a collaboré à la rédaction d'articles de veille juridique pour des agences immobilières et des entreprises avant de se fixer au sein d'un cabinet d'Avocats spécialisés dans ces domaines.